Qu’elles semblent loin les premières saisons de Dexter, celles où l’on découvrait, presque avec surprise, que notre cœur de spectatrice pouvait vibrer pour un héros aussi sombre. C’était l’époque où Dexter Morgan, officier de la crim’ de Miami et serial killer, recelait encore une part de mystère. Epoque désormais révolue puisque cette saison 4 offre douze épisodes en demi-teinte, alternant le bon et le moins bon.

Commençons par les déceptions. Il fallait sans doute s’y attendre, mais une série qui repose sur un concept aussi fort ne pouvait, à terme, que perdre en intensité. Et c’est cette saison 4, pourtant loin d’être la plus faible du lot, qui en révèle les limites. Car si elle offre enfin à Dexter un adversaire à sa mesure, elle banalise le serial killer au point de le rendre aussi dérangeant qu’un… docteur House, par exemple. Notre serial killer préféré (interprété par Michael C. Hall) est désormais un héros de série lambda, et ses ambigüités, pour intéressantes qu’elles soient, ne suffisent plus à pousser le spectateur dans ses retranchements. Certes, Dexter reste un personnage aux multiples visages – bien obligé vu le dark passenger qu’il trimballe sur le siège avant de son existence. Mais c’est le père de famille qui est cette année mis en avant, le serial killer étant, lui, relégué au second plan. Preuve en est le petit nombre de criminels qui finit sur sa table à découper. Non pas que l’on soit particulièrement fan des mises à mort, mais ces scènes-là ont le mérite de montrer à quel genre de personnage on a affaire. Le générique détourné dans le premier épisode résume à lui seul une bonne partie de la saison : ce n’est pas Dexter, portrait of a serial killermais desperate Dexter. Et donc, comme dans toute banlieue américaine, on s’ennuie tranquillement et on tourne en rond.

Au rayon des réussites, il y a évidemment le Trinity Killer : une sorte de double de Dexter, en mieux ou en pire selon où on se place. Un être vicieux, pervers et particulièrement flippant (génial John Lithgow), vers lequel Dexter se tourne pour tenter d’apporter des réponses à sa propre vie. Comme il l’avait fait dans la saison 3 avec Miguel Prado. Cette recherche d’une figure paternelle qui lui permettrait de s’affranchir du code de Harry est bien sûr au cœur de la série, et devrait continuer à l’être l’an prochain. Le Trinity killer sauve la saison, charriant néanmoins avec lui les incohérences habituelles, fruit d’intrigues ficelées à l’arrache – malheureusement la marque de fabrique de Dexter.

Alors que l’on pensait l’avenir de la série un rien compromis, voilà que l’épisode final vient soudain relancer notre intérêt. Et pose la question de cette saison 4 : transition ou fin de cycle ? Seule la saison 5 le dira…
Ça va être long !

Dexter saison 4
Créé par James Manos Jr
Avec Michael C. Hall, John Lithgow, Julie Benz, Jennifer Carpenter…
12 épisodes.